L’objet mérite bien le terme de casse-tête. Pour le profane, des heures et un mal de crâne sont nécessaires pour insuffler un début d’ordre dans les couleurs de cet incroyable cube. Mais pour Swann, de Limours, et Abdelhak, de Tigery, une dizaine de secondes suffisent pour résoudre l’énigme. De la magie? « De la pratique », corrigent les deux lycéens qui représentent l’Essonne aujourd’hui au Championnat de France de Rubik’s cube à Paris*.
Et ils ont le potentiel pour décrocher un podium parmi les 137 participants, âgés de 10 à 49 ans.
Ernó Rubik, un Hongrois professeur d’architecture et de design, invente son cube magique en 1974. Le principe? Les faces sont divisées en cases distinctes qui se mélangent par un ingénieux système de rotation. Au joueur de remettre les faces — chacune a sa couleur — dans le bon ordre. Rebaptisé Rubik’s cube (avec 3 cases de long sur 3 cases de haut sur 3 cases de profondeur), le jeu est un succès commercial mondial au début des années 1980. Après une période d’oubli, il revient en force depuis quelques années. Deux cent mille exemplaires se vendent désormais chaque année en France.
« A 12 ans, j’ai vu un reportage à la télé avec une personne en train de résoudre un cube. Je m’y suis mis du jour au lendemain », se souvient Abdelhak, 16 ans aujourd’hui et lycéen à Corbeil-Essonnes. Swann, 17 ans et en première à Dourdan, a découvert le casse-tête par un copain lors d’un voyage scolaire en Angleterre. Abdelhak et Swann se prennent alors au jeu. Avec un objectif : aller de plus en plus vite. « J’ai regardé des vidéos avec des temps de résolution en dessous des dix secondes, raconte Swann. J’ai eu envie de faire pareil. »
Petit à petit, les ados ont appris à percer le mystère de ces cubes. Devant chaque disposition de couleurs, ils savent désormais quelles séries de rotations réaliser — des « algorithmes » dans le jargon — pour ranger les couleurs. L’entraînement permet de gagner en vitesse. « Une heure par soir et, le week-end, ça peut être tout l’après-midi », reconnaît Swann, pour qui c’est « un divertissement comme un jeu vidéo ».
Une démonstration? Les cubes sont mélangés. Concentration et top départ pour les deux ados. Bruit des pièces en plastique qui glissent les unes sur les autres. Les faces ont retrouvé leurs couleurs unies en onze ou douze secondes. Bluffant. « Il est dessus dès qu’il rentre du lycée. Je lui dis : Tu tricotes, rigole Gisèle, la grand-mère de Swann. Mais c’est de la concentration, de la mémoire. On est en admiration quand on le voit faire. »